Pour terminer cette saison de ski j’ai prévu d’aller faire un tour au (Grand) Paradis avec quelques fidèles clients. La météo n’a pas été des plus clémentes et la bonne neige pas toujours au rendez-vous, mais nous avons néanmoins pu aller saluer la Vierge à 4061 m et avons également profité pour faire une cure de pâtes italiennes. Voici quelques uns des moments forts de ce raid.
Jours 1 et 2 : Entres pâtes et plaques, il faut choisir !
Après une route sans histoire, je gare le minibus sur le parking de Valnontey à 11h30, juste devant le restaurant du coin. Le temps de préparer notre matériel et nos sacs et, une petite demie-heure plus tard, nous voici tous attablés devant notre premier plat de pâtes italiennes de la semaine. Il faut bien ça, arrosé d’un verre de vin rouge local, pour affronter la montée au refuge Vittorio Sella. Une montée qui commence par un portage des skis le long d’un sentier qui zigzague entre dans la forêt. Vers 2200 mètres, nous pouvons enfin chausser les skis et une heure plus tard, nous voici au refuge. Partis avec le soleil, nous arrivons dans le brouillard.
Le brouillard est encore bien présent quand nous nous levons et une petite couche de neige fraîche recouvre les alentours. Mais les rafales de vent vont vite avoir raison des nuages, confirmant ainsi les dires du gardien : “Ça va se lever !”. Nous quittons le refuge sous les premiers rayons de soleil de la journée. Après deux heures de montée, nous nous retrouvons au pied d’un petit couloir qui donne accès au sommet du Grand Serz. Un autre groupe est déjà à pied d’oeuvre et leur guide tente de forcer le passage. Après plusieurs vaines tentatives et quelques départ de plaques il faut se rendre à l’évidence : ça ne passe pas. Nous apprendrons par la suite que les deux jours suivants, d’autres groupes ont essayé et ont également fait demi tour. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !
La neige fraîche nous oblige à revenir sur nos traces, mais elle compense en nous offrant une des plus belles descentes de la saison dans une poudreuse de cinéma… la journée n’est pas perdue ! Et puis c’est aussi l’occasion de se retrouver à nouveau autour d’un plat de pâtes (ou de polenta) à l’auberge de Valnontey.









Jours 3 et 4 : L’enfer du Grand Paradis
C’est après une bonne et confortable nuit à l’Auberge du Grand Paradis que nous quittons Pont sous le soleil pour monter au refuge Vittorio Emanuele. Là encore, nous avons droit à une bonne dose de portage avant de pouvoir chausser les skis pour la deuxième moitié du parcours. Et quand nous arrivons au refuge, c’est à nouveau dans les nuages et le froid. Les jours se suivent et se ressemblent…
Le lendemain matin, la météo n’est pas très engageante, mais nous quittons néanmoins la chaleur du refuge pour partir en direction du Grand Paradis. Les nuages se déchirent peu après notre départ grâce au vent violent qui ne va pas nous lâcher de la journée. Les rafales deviennent de plus en plus fortes tandis que nous gagnons de l’altitude et, à plus de 4000 mètres, alors que nous sommes juste sous le sommet, il est même difficile de tenir debout pendant que nous rangeons les peaux et les couteaux.
Nous sommes récompensés par une superbe descente sur une neige transformée où chacun peut choisir sa trace dans les belles pentes qui se succèdent. Et de retour au refuge, on se refait une santé avec des pâtes (what else ?) et une bonne bière.









Jours 5 et 6 : C’est mou !
Contrairement à la veille, tous les sommets sont dégagés ce matin et une mer de nuages s’étale à nos pieds. Nous entamons aujourd’hui la longue étape qui va nous emmener dans le Piémont au refuge Pontese. Le départ se fait en douceur en remontant le Glacier du Grand Paradis. Un petit portage des skis pour franchir le premier col, et nous voilà dans la première descente de la journée. La bonne neige n’est malheureusement pas au rendez-vous dans ce vallon orienté plein Est et ça ne présage rien de bon pour la suite.
Peu après le bivouac Ivrea, il faut remettre les peaux. Il fait chaud, les sacs sont lourds, mais la trace est excellente et une heure plus tard, tout le monde arrive au col de Noaschetta… désséchés, mais contents. Il ne reste plus qu’à se laisser descendre jusqu’au refuge. Enfin, façon de parler, parce que la neige, encore plus molle que tout à l’heure, est loin d’être facile. Mais avant 14h, nous voici tous à bon port et la bière, les pâtes et le rire de la gardienne ont vite fait de nous faire oublier notre fatigue !
Le dernier jour de ce raid est un peu à l’opposé de la veille : peu de distance (du moins à la montée) et des pentes raides. Vingt minutes après avoir quitté le refuge nous voici à pied d’oeuvre. A partir d’ici ça monte non-stop jusqu’au col de Teleccio. On commence par mettre les couteaux, puis ensuite on passe les skis sur les sacs pour franchir le couloir. Au-dessus, on continue skis au pieds jusqu’au col. Aujourd’hui encore le vent souffle fort et ne nous permet pas de faire d’arrêt pour manger et boire. Tout le monde s’accroche et vers 11h nous atteignons le dernier col du raid. Dernière (longue) descente sur le Glacier de Valeille, dernier portage des skis dans le vallon déneigé (quand on aime, on ne compte pas !)… et tout se termine comme d’habitude par une bière et des pâtes paninis ! :)



















